6 days ago
Négociations bruxelloises : Veuillez respecter les règles de base
J'observe les débats communautaires en Belgique depuis plus de 50 ans. Ils sont toujours intenses. Il est toujours nécessaire de réconcilier l'eau et le feu. Souvent, cela réussit, du moins dans une certaine mesure, et après de longues discussions. Les solutions sont rarement esthétiques, mais toujours inventives, parfois presque surréalistes.
La plupart des conflits communautaires concernent la modification ou l'interprétation des règles et des compétences, ou le transfert des flux financiers (les « transferts »). Le débat sur le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale ne porte pas sur cela, mais sur le non-respect conscient et délibéré par le chef du Parti socialiste bruxellois (PS) d'une règle fondamentale en vigueur depuis plus de 30 ans. Et ça, c'est grave.
Une question de garanties fondamentales pour les minorités linguistiques
La formation du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale ne suit pas les voies traditionnelles. Mais la règle de base est très simple depuis 1989. Les partis francophones forment une coalition majoritaire parmi leurs élus au Parlement bruxellois, et les partis néerlandophones font de même. Ensemble, ces deux coalitions forment le gouvernement. Point final. Ils ne se sont pas demandés, mais dépendent l'un de l'autre. Un peu comme les partenaires de Mariés au premier regard (RTL-TVI) ou de Blind Getrouwd (VTM). Quiconque joue à ces jeux doit en accepter les règles de base. Et le cœur du « jeu » bruxellois est que les partis néerlandophones n'interfèrent pas dans la composition de la coalition francophone, et vice versa. Cela fait partie du compromis belge qui protège deux minorités : la minorité flamande à Bruxelles et la minorité francophone en Belgique. Toutes deux ont reçu des garanties.
L'ancien chef du PS, Elio Di Rupo, a récemment justifié la position du PS bruxellois en affirmant que « Bruxelles est une ville majoritairement francophone », sous-entendant que ce sont les francophones qui mènent la danse. Si tel est le cas, la Belgique est un pays majoritairement flamand, et ce sont désormais les Flamands qui mèneront la danse.
Mais ce n'est pas ce que nous avons convenu en Belgique. La minorité flamande de Bruxelles a reçu des garanties de non-marginalisation. Et la minorité francophone de Belgique a reçu des garanties similaires : parité linguistique au Conseil des ministres, procédure de sonnette d'alarme, transferts de milliards d'euros, etc.
Le PS bruxellois semble l'avoir oublié. Il veut déterminer qui siégera dans la coalition flamande ; et il veut exclure la N-VA. Pourquoi ? Aversion personnelle du chef du PS bruxellois ?
On ne peut pas oublier que la N-VA est le plus grand parti de Flandre et fournit le Premier ministre belge.
Récemment, le MR a trouvé une « solution créative »: aucun membre de la N-VA ne rejoindrait directement le gouvernement bruxellois, mais le MR confierait l'un de ses postes gouvernementaux à une personne qui bénéficie de la confiance de la N-VA. En contrepartie, la N-VA apporterait son soutien au futur gouvernement bruxellois.
La N-VA doit signer un chèque en blanc
Cependant, des communications floues ont permis au PS bruxellois d'exiger son aide pour désigner le confident de la N-VA. De plus, il a refusé la présence de quiconque de la N-VA aux discussions sur l'accord de coalition. La N-VA doit donc signer un chèque en blanc.
Le PS savait d'avance que la N-VA ne pourrait accepter ces conditions. Qui approuverait un accord de coalition auquel il n'a pas participé ? Le PS bruxellois savait que ses exigences porteraient un coup fatal à la proposition du MR, mais il voulait rejeter la faute sur la N-VA.
Cela irrite même un observateur chevronné. Pourquoi ? Il ne s'agit pas d'un conflit mineur ; une règle fondamentale du compromis belge est jetée par-dessus bord, sans en mesurer les conséquences.